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La bonne santé
LA BONNE SANTÉ
Au nouvel an, les bons vœux sont de mise et chacun se met en quête de souhaiter le meilleur, en terminant souvent par « et surtout bonne santé ! » en évoquant la santé physique avant tout. Mais cette santé, n’est-elle pas la conséquence de tout ce que l’on met en place à chaque instant de notre vie ? plutôt qu’une grâce qui nous est accordée ou pas ? Comment cela, me direz vous, on ne choisit quand même pas d’être malade ou handicapé ou que sais je encore !?! On ne choisit pas, non, pas consciemment en tous cas, mais notre corps physique, notre véhicule partenaire de cette vie oublié tant qu’il « fonctionne » à peu près sait et garde en mémoire toute notre histoire. Il est le reflet de notre vie intérieure consciente et inconsciente et ses symptômes en sont le langage.
L’épigénétique nous dit bien que notre ADN, notre patrimoine génétique de naissance, n’est pas une fatalité, comme on l’a cru longtemps, qui dicterait sans merci le fonctionnement de nos cellules. Pas du tout ! Nous héritons de certaines caractéristiques génétiques de nos parents, certes, mais elles ne s’exprimeront pour la plupart d’entre elles qu’en fonction de l’environnement auxquelles elles seront soumises. Mieux encore, les chaînes d’ADN se modifient au cours de la vie ! Mais quel est cet environnement ? C’est un environnement chimique à base de protéines que nous générons autour de nos cellules qui va déterminer l’expression de nos gènes stockés dans l’ADN au sein de leur noyau. Et nous savons maintenant que nous avons le pouvoir d’agir par nous même sur cette chimie. Les neurosciences l’ont montré, nos pensées, nos émotions, nos croyances créent une chimie particulière dans notre cerveau et tout le corps, au même titre que l’alimentation et l’activité physique auxquelles nous le soumettons. Eh oui, la bonne santé se cultive essentiellement de l’intérieur ! Et c’est par l’écoute attentive des ressentis corporels et des émotions qui nous traversent ou nous submergent que l’on apprend petit à petit à se créer un environnement intérieur, une chimie bénéfiques.
La médecine chinoise nous dit bien depuis des milliers d’années, que la maladie survient quand il y a déséquilibre entre notre énergie « authentique » Zhong qi (1) et les énergies « perverses », ces dernières étant essentiellement d’origine interne, constituées par des émotions contenues et accumulées de longue date, pouvant même remonter à notre conception (il est prouvé maintenant que le fœtus capte tout ce que ressent la mère).
Pas d’autre choix donc que d’accueillir ce langage du corps, qui ne fait que son boulot quand il exprime et évacue le trop plein de toutes ces émotions refoulées, par des douleurs ou des maladies.
Rappelons que le mot émotion vient du latin emovere ou ex movere qui signifie mouvement vers l’extérieur. C’est ainsi que toute émotion crée une chimie spécifique et adaptée pour engendrer une réponse physique, un mouvement en corrélation avec l’événement qui l’a générée. Et si ce mouvement, cette ex-pression de l’émotion n’a pas lieu, le corps en garde la mémoire, il en est imprimé. Imaginez toute cette énergie ainsi stockée et immobilisée dans nos cellules depuis notre conception !
Il est donc essentiel de comprendre que douleurs ou maladies font partie du processus de guérison, et correspondent pour la majorité d’entre elles à l’extériorisation d’émotions contenues anciennes ou récentes. Le vivre ainsi permet d’accueillir et d’accompagner au mieux le processus et met dans une disposition d’esprit qui stimule d’emblée les capacités d’autoguérison en diminuant les sécrétions neuro humorales liées au stress, et on peut éviter ainsi ou limiter le recours à des traitements chimiques allopathiques jamais anodins.
Pas de meilleur choix non plus, nous disent les chinois, que d’entretenir notre énergie « authentique » Zhong qi, reliée tant au matériel, du domaine du visible (alimentation, hygiène de vie, etc.), qu’à l’immatériel car intimement associée à notre énergie « originelle » Yuan qi (2), du domaine de l’invisible, qui nous relie en permanence à notre origine et nous nourrit intérieurement.
Comment y parvenir ? En cultivant pensées et émotions telles que la bienveillance, envers soi même déjà, (ce qui n’est pas laxisme) le respect de soi (incontournable pour respecter les autres), la patience, l’empathie, la tolérance, l’ouverture, la gratitude, l’humilité, etc. toutes ces valeurs universelles portées par toutes les traditions et qui nous sortent de l’emprise de l’attention égocentrée. Nourrir ces valeurs en soi permet d’équilibrer notre système neurovégétatif, nos sécrétions hormonales, renforce notre système immunitaire et influence l’expression et l’évolution de notre ADN. Ces interactions entre visible et invisible dans le corps humain sont maintenant reconnues et prouvées par la science !
Pas si facile, non, on est bien d’accord ! mais des études récentes montrent que ces valeurs font partie du comportement de base de tout être humain, observées chez l’enfant qui se montre altruiste et bienveillant avant même qu’il ne sache marcher ou parler.
C’est le seul moyen aussi d’enlever le pouvoir à deux tyrans intérieurs masqués et trop méconnus que sont la victime et le juge qui dictent nos conduites et nos vies inconsciemment. Ces deux là font la paire ! Écoutez et vous entendrez le babillage de la victime qui ressurgit à la moindre occasion, car elle a la peau dure la victime ! Elle se partage le terrain des pensées automatiques avec le juge implacable (qui devient bourreau, de soi même d’abord) pour nous éloigner de notre être. Pas d’autre choix que d’accueillir ces personnages (et il y en a d‘autres du même acabit !) que nous avons créés nous même, qui nous maintiennent dans le passé, et nous limitent à notre histoire personnelle et à notre égo qui les nourrit.
La solution est au présent de chaque instant, les regarder, les accueillir avec bienveillance, tolérance, patience, humour aussi ! qui rime avec amour, et petit à petit, ces personnages qui entretiennent la chimie du stress et altèrent nos défenses immunitaires vont se mettre en retrait puis s’effacer pour laisser la place à notre maître intérieur, présent depuis toujours et qui attend patiemment son heure. Et l’autre bonne nouvelle et non des moindres, c’est que cultiver son intériorité avec pensées, émotions nobles contribue non seulement à notre bonne santé mais à celle de tout notre environnement qui va lui aussi bénéficier bien sûr de notre transformation intérieure. Il y a alors de quoi avoir du cœur à cet ouvrage intime et noble, qui nous mène bien au delà de nos ombres qui immanquablement seront révélées au grand jour de notre lumière intérieure enfin acceptée.
Alors, BONNE SANTÉ !
Docteur Anne-Marie Bernard
1- Zhōng 中 a. Juste milieu, juste mesure, rectitude, modération. Sans excès, équilibré, mesuré. b. Juste doctrine, vertu. Juste, droit, orthodoxe, vrai. c. Influx harmonieux (p. ex. du ciel et de la terre). d. (Philos. chin.) i. Central. ii. Centre où s’enracinent et s’entretiennent les forces vitales et qui soutient parfaitement les diverses permutations des souffles ; équilibre intérieur juste permettant l’efficacité de l’action ; axe central de ma conduite.
2- Yuán 元 a. Commencement ; origine ; principe. Originel : qui relève du mouvement déterminant l’apparition d’un être et conditionnant son développement. b- (Philos. chin.) a. Origine, commencement ; origine absolue de l’univers ; mystère originel. c- Bon ; vertueux ; excellent. Homme bon ; homme de bien. d- Principal ; fondamental. Principe (métaphysique).