avril
Pour la Solidarité retrouvée
Pour la Solidarité retrouvée
Force est de constater que le modèle social d’aujourd’hui est à bout de souffle.
Les services sociaux et médico-sociaux ont bien du mal à faire face à l’évolution des demandes, à trouver des solutions pour des situations de plus en plus dégradées, de plus en plus complexes.
Les établissements pour personnes handicapées sont saturés, les EHPAD manquent de moyens et sont déshumanisés.
Pourtant, ces services se veulent être toujours plus à proximité afin de répondre aux besoins des usagers. Bien qu’organisés en « Maison » (Maison Départementale de la Solidarité, Maison Départementale des Personnes Handicapées, Maisons de Services aux Publics…), force est de constater que l’Humain n’est pas assez présent. Dans les établissements pour personnes handicapées ou âgées, il faut former les professionnels à « l’humanitude », la « bienveillance », alors que le manque de personnel ne permet pas d’accompagner comme il le faudrait.
Les évolutions démographiques et sociales sont terrifiantes : hausse de la précarité, vieillissement de la population, explosion du handicap (en 10 ans, l’activité des MDPH a plus que doublé) : la réponse à trouver, n’est pas dans la multiplication des moyens.
Alors que faire ? Sortir du cadre de référence, cadre qui déresponsabilise et confine la personne à un rôle d’usager. Un usager, comme son nom l’indique, « use », voire « abuse », car le système ne l’identifie que par ses manques, ses besoins : pauvreté, précarité, perte d’autonomie, handicap.
Malgré l’intervention des services sociaux, la situation de ces usagers va souvent de mal en pis, pris dans l’engrenage infernal de la pauvreté, de la dépendance qui appelle toujours plus de réponses à trouver… ça peut durer… ou plutôt ça ne peut plus durer. Sur un plan purement économique, ce n’est plus soutenable, sur un plan humain, c’est intolérable.
Le système actuel maintient dans la dépendance, ne permet pas à l’homme de devenir Acteur de sa Vie. Sans vouloir tomber dans le cynisme, le système actuel profite à certains : s’il coûte cher, c’est qu’il fait tourner une partie de l’économie dite « sociale et solidaire », des associations, des administrations, et de plus en plus, d’entreprises privées à but lucratif (dans l’aide à la personne, les EHPAD…).
Notre système social est reconnu pour son rôle d’amortisseur social. Ainsi, en période de crise, les allocations de solidarité (RSA, AAH, …) « limiteraient » les effets de la pauvreté. Que se passerait-il, sans ces aides qui maintiennent les personnes dans la survie ?
Quels choix ont les personnes, en dehors de consommer, même avec un pouvoir d’achat très faible ?
Comment permettre à la personne de devenir autonome, indépendante et retrouver sa dignité d’Être Humain ?
La Solidarité ne doit pas maintenir dans un lien de dépendance. La Solidarité, ce n’est pas un système qui supplée à un manque, ce sont des individus autonomes qui font le choix de partager ce qu’il y a de meilleur en eux avec les autres.
Voilà plus de 20 ans que les services sociaux parlent de « développement social local », de rendre la personne actrice de ses démarches, de mettre en avant ses potentialités. Ces démarches novatrices ont bien du mal à se mettre en place car nous n’y sommes pas prêts, nous restons dans une logique réparatrice et non valorisante, car les différences des autres renvoient à nos propres peurs (peur de l’exclusion, de la vieillesse, de la dépendance).
Les solutions ne viendront pas d’en haut, mais de la prise de conscience de chaque individu à voir ce qu’il y a de meilleur en lui pour voir le meilleur en l’autre. Pour voir le meilleur en soi, il faut aussi accepter de regarder sa part d’ombres, ses peurs afin de les apprivoiser, de les « éclairer de cette nouvelle Conscience », qui seule peut réparer nos blessures intérieures.
Alors tout commence par soi, il faut revenir au bon sens du terrien : labourer ses terres intérieures, comme on laboure la Terre : retourner, mettre à l’air ce qui était enfoui, l’offrir en pâtures aux vents et au temps, s’ouvrir à l’imprévu, se laisser retourner, modeler afin que surgisse le Nouveau, fruit du travail intérieur/extérieur.
C’est ainsi, que pourront surgir, au niveau local, des espaces de Solidarité, par le regroupement d’individus pleinement conscients, déterminés à construire de plus justes relations humaines, et de plus justes relations avec l’environnement,
Des espaces où règnent Entraide, Chaleur et Amour avec et entre tous les êtres vivants du règne humain, animal, végétal, minéral,
Des espaces qui accueillent, qui expérimentent, qui ensemencent, dans le respect des différences de chacun, en complémentarité, reflets des facettes d’un même diamant,
Des espaces où chaque être puisse développer son potentiel créateur pour une Solidarité retrouvée.
Valérie JEANNET pour le MPC
*Ethymologie Solidarité : du latin solidus « massif, entier, consistant, lien unissant entre eux » et de
l’expression in solidum « pour le tout ».